mercredi 3 février 2010

Kenitra : Centenaire de la ville Européenne (Port Lyautey)



On a été vivement étonné à Kenitra par la décision prise par ceux qui, sous prétexte de célébrer le soi-disant centenaire de cette ville, se prépare en fait à saluer la mémoire du Maréchal Lyautey et à rendre hommage à un certain nombres de colons qui comptaient parmi la population la plus en vue de la ville, comme si Kenitra n’avait d’histoire que coloniale. La réalité et que celle-ci n’a pas attendu Lyautey pour voir le jour. Elle a en effet, des centaines d’années derrière elle, comme elle ne cesse de le prouver, document à l’appui. C’est que la vérité est têtue et jamais le faux ne pourra l’occulter quels qu’en soient les moyens et les subterfuges mis en œuvre.
L’habileté des « faussaires » coloniaux et de leurs supporters est telle que, par une sorte d’association magique, dès qu’on évoque Kenitra, surgit à l’esprit le nom de Lyautey, en tant que fondateur attitré. Les défenseurs de cette thèse erronée sont légion, à commencer par René Millet qui écrit dans son ouvrage ‘Conquête du Maroc’ :
« Pendant un demi-siècle, cette espèce d'interdit pesa sur notre politique africaine. La partie la plus belle et la plus riche du Maghreb fut ainsi soustraite à la civilisation.»[ !]
« La Grande-Bretagne admettait le principe de notre prépondérance au Maroc, mais elle y mettait des conditions très dures. Non seulement nous renoncions à tous nos droits sur l'Egypte et sur Terre-Neuve, mais au Maroc même nous promettions de n'élever aucune fortification sur le détroit et même plus loin, jusqu'à l'embouchure du Sebou.»
«Il y eut un moment de tristesse profonde parmi ceux qu'on appelait dédaigneusement « les coloniaux », et qui réclament le titre de patriotes.
Pour eux, la Patrie française ne finit point à Marseille ; elle se continue sur l'autre rive de la Méditerranée. Ils savent, ceux-là, que l'Afrique du Nord forme une île en quelque sorte indivisible entre le désert et la mer. Ils espéraient que la France, … travaillerait en paix à la construction d'une France nouvelle sur les débris de l'Afrique romaine.»
« Pas de conquête, c'est entendu, mais un « bon coup de torchon », comme disait Jeanne d'Arc, et voilà les affaires rétablies. »
Notez que ces descendants des Romains, les « Roumis » comme on les appelle là-bas, n'en- traient pas là sur la terre des autres, ainsi que les Anglais dans l'Inde ou les Espagnols chez les Incas. On peut dire qu'ils revenaient chez eux pour renouer, sur l'autre bord de la Méditerranée, la chaîne brisée de leur propre civilisation. C'est une vérité qu'on ferait bien de rappeler à ces indigènes qui le prennent aujourd'hui de si haut... »
Un point de vue similaire se trouve dans l’ouvrage ‘La Renaissance du Maroc- Dix Ans de Protectorat’ : « …et ce Maroc, qui est bien nôtre, doit être intégralement conservé à la Mère-Patrie » p149
Même aujourd’hui, on peut se demander avec inquiétude, si la coupure nette et définitive avec l’esprit colonial a bien eu lieu. Il y a peut-être lieu d’en douter. Voici le sujet d’Histoire proposé au Baccalauréat S en 2008 qui porte sur le discours prononcé par Jules Ferry, à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885 :
« (...) Messieurs, il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le bien : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... Je répète qu'il y a pour les races supérieures, un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (...) »
Le 23 Février 2005, le Parlement a adopté une loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés :
Article 1
« La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.
…… et leur rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage. »
Article 4
…. « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. »
Cette reconnaissance et cette réhabilitation prononcées à haute voix d’un si haut lieu ne peuvent laisser indifférent.
Un sérieux travail s’est engagé dans les anciennes colonies sur l’histoire confisquée de cette période sombre de leur vie.
A titre d’exemple, le Centre de la Mémoire Commune et de l’Avenir (CMCA) a organisé le 16 novembre 2009 à la Bibliothèque Nationale de Rabat un colloque international préliminaire sous le thème : « Protectorat Français au Maroc entre histoire, mémoire et politique » au cours duquel le débat s’est articulé autour des questions et problématiques suivantes :
  • Des concepts de la mémoire et de la colonisation ;
  • Les rapports entre mémoire et histoire ;
  • En quoi l'exemple du passé colonial de la France est-il révélateur de la complexité des rapports mémoire et colonisation ?
  • Le traitement des flagrantes et graves violations des droits de l'homme commises pendant la période coloniale ?
Le point de départ étant la plateforme élaborée par des historiens marocains spécialisés, dont une première lecture a été présentée par un membre du Bureau Administratif du Centre. Après quoi, le débat s’est engagé entre les participants à la rencontre en vue d’enrichir ladite plateforme , de dégager les problématiques profondes que pose la colonisation française du Maroc et élaborer, par conséquent, les axes du colloque international devant se tenir en 2010.
En somme, il est opportun d’évoqué le proverbe Africain qui dit : « Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur. »
Maintenant, il convient de revenir à l’appellation de ″Qonïterah″ ( Kenitra ) pour en rappeler brièvement les faits historiques essentiels :
En 1681, sous le règne de Moulay Ismaïl, les Marocains récupèrent la kasbah de la Maâmora qui prend le nom de Mehdia, dont les Espagnols avaient changé le nom « la Maâmora » par celui de « San Miguel de Ultramar ».
A la même date, apparaît le nom ″Qonïterah″ qui signifie petit pont. Ce qui renvoie naturellement au fait qu’en hivers les crues de l’oued Fouarat dernier affluant du fleuve Sebou, coupaient la route aux commerçants qui désiraient se rendre de Salé à Fes ou de Fes à Salé.

Cette route était connue par Trik El Mekhzen ou Trik Essoultane et c’est le Caïd Ali Errifi qui l’a dotée, par ordre du Sultan Moulay Ismaïl, d’un pont sur l’oued Fouarat en 1685, d’où Kenitra tire, depuis, son nom.
Seulement, ce passage entre la forêt de la Maâmora, El Merja et l’oued Fouarat était dangereux en raison des attaques des tributs Zemmour et des tribus Bni Hssen contre les commerçants qui s’y aventuraient.
Pour sécuriser cet endroit, Moulay Hassan Ier fit bâtir en 1892 la Kasbah de Kenitra, à 1350 mètres du pont construit sur l’oued Fouarat, sachant que les travaux furent achevés par Moulay Abdelaziz en 1895.
Edmond Doutté décrit, dans son livre ‘Mission au Maroc- en tribu’ :
« 23 juin 1901 – à notre gauche s’étend la grande forêt de la Maâmora, repaire à peu près impénétrable des Zemmour. En fin, à six heures quarante-cinq, nous rejoignons le Sebou : il est assez large ici et en cette saison, il donne l’illusion d’un fleuve de France.
A sept heures, la Kasbah d’El Amira ( Âamirah ) étincelle dans sa blancheur, à côté du Sebou »
Pour raviver les mémoires, il est utile de rappeler que la Kasbah de Kenitra :
  • Servait de dortoir pour les Mhallas (compagnes militaires) du Sultan.
  • Recevait les convois commerciaux.
  • S’érigeait en lieu d’accueil pour les armées de passage.
  • Constituait une station de relais pour les services de Poste.
  • L’importance de ce lieu est telle que El Haj BenAïssa Bargache et sa garde y passèrent la nuit lorsqu’ils devaient conduire à Fes le Cherif Moulay M’Hammed qui, en revendiquant le trône Alaouite, provoqua des troubles à Rabat.
Tel, est le genre d’activités que connut cette Kasbah et c’est ainsi qu’elle prit, avec les habitations environnantes, le nom de KENITRA.
Lors du débarquement français en 1911, la population alentour se composait des Saknia, Oulad Oujih, Haddada, Mehdawa (qui se trouvaient à la Kasbah de Mehdia avant leur transfert suite au débarquement des troupes françaises) et, enfin, les chorfa Bouchtiyine.
Ce point géographique accueilli toute cette population, des centaines d’années durant. Il n’a donc rien d’imaginaire. Il n’était pas « en 1912 qu’un point dans l’espace » comme prétendait Lyautey.
Le premier européen qui s’installa à Kenitra, avant que la base militaire ne fût transférée de Mehdia vers elle fut le Suisse Robert MUSSARD qui raconte dans son livre ‘Souvenirs du Vieux Maroc’ :
« Un mois après mon installation (1911) Jilali (un Marocain franc et loyal il ne tarda pas à devenir mon homme de confiance) me dit : Les Saknia veulent te vendre un terrain. Les Saknia étaient une fraction de tribu dans la région de Kenitra, voisine de deux autres fractions, les Oulad Oujih et les Hadada. Le terrain d’une cinquantaine d’hectares qu’il me proposaient était sablonneux, sans valeur agricole, mais situé devant la Casbah de Kenitra,en bordure du fleuve ;il était intéressant car le bruit courait qu’il serait possible qu’on fit un jour un port à cet endroit » p15-16
«En réalité ces douars qui possédaient des milliers d’hectares n’avaient jamais fait une délimitation entra eux.»
«Etant Suisse, je n’étais pas appuyé par les autorités française ou plutôt je me trouvais en butte à son hostilité plus ou moins déclarée pour l’acquisition de terrains» p17
Le choix de créer à Kenitra un port militaire, érigé par la suite en port ouvert à la navigation civile, ne fut pas un acte fortuit. Il se motivait par :
· Les conditions édictées par l’Angleterre.
· La navigabilité du Sebou à l’exclusion des autres cours d’eau du pays. Notons que cette caractéristique poussa Moulay Slimane à fermer le port de Mehdia en 1795, pour prévenir toute intrusion européenne à partir du Sebou visant la conquête du Maroc.
· La fertilité des plaines environnantes qui surpassait celle des plaines de la Chaouia et qui détermina un grand nombre de colons à s’y implanter. A propos Robert MUSSARD écrivit dans son livre ‘Souvenirs du vieux Maroc’ en 1911 :
« Voulant d’abord bien connaître la région j’ai pris une place dans une banque agricole. J’y faisais la jonction avec des fermes répandues en Chaouia lorsque je reçus une lettre d’un Capitaine du 1er Chasseur d’Afrique que j’avais connu à Setif. Maintenant chef de Service de renseignement à Méhédya il m’écrivait : « La plaine du Sebou est riche en terres fertiles. C’est une belle région dont l’occupation par nos troupes ne remonte qu’à quelque mois. Venez-y voir. »
· Le raccourci que cela représente quant au transport du matériel militaire en direction de Fes.
L’acharnement des autorités coloniales contre la mémoire de Kenitra se traduisit par :
  • La destruction du pont Fouarat.
  • Le changement du cours de l’Oued Fouarat.
  • La démolition de la Kasbah de Kenitra en 1919, en dépit du Dahir du 20 Novembre 1912 publié au bulletin officiel n°5 qui ordonnait la conservation intacte des monuments et des écrits historiques.
  • Le changement du nom de Kenitra en 1932.
Après tout, comme disait Jeanne d'Arc : « Pas de conquête, c'est entendu, mais un bon coup de torchon », ‘Conquête du Maroc’ par René Millet.
L’action de Lyautey consistant à créer une ville Européenne de type colonial, rappelle la création d’Elisabethville par les Belges au Congo et la richesse minière du Katanga fait écho à la richesse agricole des plaines du Gharb et des Béni Hsen, des régions de Fès et Meknès, et de la riche vallée agricole du Haut Sebou. A quoi il faut ajouter la grande importance du port de Kenitra acquise sur le compte des ports de Larache et de Tanger.
L’allégation la plus étonnante qu’on trouve dans la plupart des ouvrages de référence coloniale est de dire, sans avoir froid aux yeux, qu’il n’y eut jamais de prière dans la Mosquée de la Kasbah de Kenitra, transformée en résidence du Contrôleur Civil par les autorités de l’occupation!!!
Après ce triste constat, on est en droit de s’interroger sur la nature des raisons qui ont servi de fondement à l’appel lancé pour gratifier et donner un visage humain, ces derniers temps, à la colonisation. Il est urgent pour sauver la mémoire authentique de cette période douloureuse de notre histoire, de prendre, au nom de la vérité, position contre tous ceux qui, par la falsification et la brillance du discours, essaient de gommer notre Histoire.
Si certains organismes se préparent à célébrer le centenaire de Port Lyautey, il faut attendre 2032, parce que le nom de Port Lyautey n’a été imposé qu’en 1932, avant de laisser place en 1956 au vrai nom KENITRA.
Pour conclure, il n’est pas sans objet de dire que :
Célébrer le centenaire de la naissance de Port Lyautey, c’est en quelque sorte ressusciter l’époque coloniale et ignorer que la ville en question s’est revêtis officiellement des couleurs nationales en s’appropriant par l’histoire et la lutte anti-coloniale son vrai nom KENITRA.
On craint que le processus engagé n’aboutisse à célébrer l’occupation du pays en 1911.

Quelques références à retenir sur Kenitra entre 1911 et 1913 :
N° 283.
M. DE BILLY, Chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 14 mai 1911.
Le Général Moinier m’envoie de Kénitra le télégramme suivant, sous la date du 13 :
« Les colonnes Gouraud et Brulard sont réunies aujourd’hui, 13, à Lalla Ito; la marche s’est effectuée sans qu’il y ait eu d’incidents. »
R. DE BILLY.
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI / 1910 – 1912 / p312/ BNF
N° 304.
M. DE BILLY, chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 21 mai 1911.
Le Général Ditte m’envoie de Kénitra, le 19 mai, la communication suivante :
« Le Général Moinier a quitté Lalla Ito le 17 mai avec le Général Dalbiez, le colonel Brulard, environ 8000 hommes, 1700 chameaux chargés en vivres pour douze jours et des munitions suffisantes. Son intention est de prendre par Hadjer el Ouakef, au nord de Zogotta ; il évalue à six le nombre des étapes pour atteindre Fez s’il n’y a aucun retard. Demain 20 mai, je ferai partir le colonel Gouraud avec 2000 hommes escortant un convoi de 1800 chameaux, conformément aux instructions reçues. »
R. DE BILLY
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI/ 1910-1912/ p326/ BNF
N° 326
M. DE BILLY, chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 31 mai 1911.
Le Général Moinier m’envoie de Fez, le 25 Mai, la communication suivante :
« Ce matin, 25 mai, j’ai envoyé brigade Dalbiez au-devant du Colonel Gouraud qui doit arriver demain ou après demain avec dix-sept cents chameaux, un escadron, une batterie et trois bataillons. »
« Les nouvelles reçues dans la journée du Colonel Gouraud annoncent qu’il a eu deux rencontres, le 19 à Kénitra, avec les Beni Ahsen et les Zemmour ; le 22 à Mechra ben Derroa, avec les Zemmour, les Guerouane et une fraction Béni Ahsen : notre détachement a eu un complet succès et a poursuivi sa mission de ravitaillement. Nos pertes ont été de six tués ; celles de l’ennemi ont été considérables. »
R. DE BILLY.
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI/ 1910-1912 /p339/ BNF
1911
« En même temps (mai 1911), l'enseigne de vaisseau de Carsalade du Pont explore le Sebou. Il part le 18 mai avec un canot à vapeur, une barcasse à la remorque portant des vivres et du charbon. Malgré l'hostilité des indigènes, qui criblent de balles les embarcations»
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p373
« Voulant d’abord bien connaître la région j’ai pris une place dans une banque agricole. J’y faisais la jonction avec des fermes répandues en Chaouia lorsque je reçus une lettre d’un Capitaine du 1er Chasseur d’Afrique que j’avais connu à Setif. Maintenant chef de Service de renseignement à Méhédya il m’écrivait : « La plaine du Sebou est riche en terres fertiles. C’est une belle région dont l’occupation par nos troupes ne remonte qu’à quelque mois. Venez-y voir. »
‘Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD p11
« Un mois après mon installation (1911) Jilali (un Marocain franc et loyal il ne tarda pas à devenir mon homme de confiance) me dit : Les Saknia veulent te vendre un terrain. Les Saknia étaient une fraction de tribu dans la région de Kenitra, voisine de deux autres fractions, les Oulad Oujih et les Hadada. Le terrain d’une cinquantaine d’hectares qu’il me proposaient était sablonneux, sans valeur agricole, mais situé devant la Casbah de Kenitra, en bordure du fleuve ; il était intéressant car le bruit courait qu’il serait possible qu’on fit un jour un port à cet endroit »
Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD pp15-16
«En réalité ces douars qui possédaient des milliers d’hectares n’avaient jamais fait une délimitation entra eux »
«Etant Suisse, je n’étais pas appuyé par les l’autorité française ou plutôt je me trouvais en butte à son hostilité plus ou moins déclarée pour l’acquisition de terrains»
‘Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD p17
« La kasbah de Kenitra : se composait d'un grand rectangle d'une centaine de mètres de côté, entourée de murailles crènelées ; des tours carrées se dressaient aux angles et au milieu de chaque face. La porte s'ouvrait sur la face ouest. A l’intérieur des murs, et contre ces derniers, étaient construites des Béniqas, pièces de dimensions divers qui devaient loger des troupes de passages, et celle casernées à la kasbah, Au milieu de la face Sud, s'élevait une petite mosquée surmontée d'un minaret.
(L’ordre de construire cette citadelle avait été donné par l’Emir des croyants, Abou Farés Abdelaziz en l’an 1313 (1895 J.C)»
Bulletin Economique et Social du Maroc n° 85 NESPOLA (H) 1960 p40-41
« On appelait cet endroit, EL KENITRA, ou plus exactement KENITRA, le petit pont d’un ouvrage d’art de faible porté, enjambant l’oued EL-FOUARAT qui vient mêler ses eaux à celle du SEBOU.
En hiver, ce ruisseau grossi par les eaux était infranchissable. Or à cet endroit, passait la piste maghzen de SALE à FES. Le caïd ALI er RIFFI y fit construire à la fin du XVII ème siècle, deux ponts : l’un enjambant le FOUARAT, l’autre jeté sur la merja que formait cet oued sur la rive gauche ; les deux constructions étaient reliées par une chaussée. Mais, en 1928, après le détournement de l’Oued FOUARAT, cet ouvrage devenu inutile fut démoli. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p14
« Pour mettre fin à cet climat d’insécurité, le Sultan MOULAY-HASSAN fit construire en 1892 une kasbah à 1 350 mètres à l’ouest du pont du FOUARAT. Elle fut terminée en 1895, c’est-à-dire un 1313 de l’Hégire, par son successeur le Sultan MOULAY ABD-EL-AZIZ. Cette kasbah, haute enceinte crénelée et bastionnée aux angles, était destinée à abriter les caravanes qui empruntaient la piste SALE-FES et à recevoir les troupes de passage.
Quelques soldats du Maghzen veillaient à la garde de l’édifice et à la sécurité des voyageurs. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p15
« Une base de débarquement pour le ravitaillement :
Le nom de Kasbah-Kenitra, à 37 kilomètres au nord de Salé, apparut alors (avril 1911) : base de l’intendance à 6 étapes de marche de Casablanca. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p21
« En même temps que le Lieutenant de Vaisseau se livrait à ces minutieuses observations, ses officiers, sous sa direction, terminaient leurs travaux d’hydrographie du fleuve et de l’embouchure : la barre de MEHDIA était franchissable 250 jours environ par an pour des bateaux calant 3 mètres à 3,60 mètres. Le fleuve pouvait être remonté par ces mêmes bateaux jusqu’à la kasbah de KENITRA. A cet endroit, le fleuve a une largeur de 250 mètres, des fonds de 6 mètres, deux rives accores, des berges élevées d’un mètre seulement au-dessus des hautes eaux et de vastes terrains de sable dénudé permettant une installation facile et rapide.. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p28
« Outre les tribus Zemmour, retranchées sur leur territoire de la Mamora, on comptait deux collectivités terriennes, voisines l'une de l'autre; il s'agit de la communauté des Saknia, vivant de cultures et de pacage près du Fouarat et d'une fraction des Beni-hsen du voisinage, les Ouled Oujjih, installés près de la merja de Bi-Rami. Il fallait ajouter, la milice guerrière guich des Haddada, jouxtant le territoire des Oulad Oujjih, et installée sur la rive gauche de l'oued Sebou, depuis la kasbah de Kénitra jusqu'à celle de Mehdia. Juste en face des Haddada, sur la rive droite du fleuve se tenaient d'autres milices guichs, quelques îlots, de Khlot et de Tlig. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p16
« En 1911, l'insécurité régnait autour de la kasbah et de sa région à cause des attaques répétées des Zemmour contre les troupes et les civils. On retrouve les faits identiques rapportés dans des textes écrits par des militaires en campagne ou des civils qui furent témoins de ces attaques.
Le 19 avril 1911, le capitaine Petitjean, avait été tué en se portant au-devant des guerriers Zemmour, campés à deux kilomètres de la kasbah.
Le 20 décembre 1912, un convoi rejoignant la kasbah fut attaqué, à la tombée de la nuit; le sapeur Delmas qui le commandait fut tué. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p23-24
« Certains européens qui s’étaient installés à Casablanca avec l’espoir de fonder une exploitation agricole dans la Chaouia, à l’annonce, en 1911, que les terres du Gharb étaient aussi fertiles que celles de la Chaouia, que la pluviométrie y était plus importante, décidèrent de se déplacer jusqu’à Kasbah-Kénitra et s’y fixèrent. Ce fut le cas de Monsieur Guilloux et de Monsieur Mussard. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p32
1912
« Dans les premiers jours de février 1912, le Lieutenant de Vaisseau Lagorio remonta le Sebou el remarqua les avantages particuliers qu'offrait le fleuve à 17 km. de Mehdia, devant la Casbah de Kenitra. (Kenitra ou Knitra (petit pont) tire son nom d'un ponceau construit sur l'Oued Fouarat en amont de la Casbah. Ce ponceau devenu sans utilité après le détournement du lit du Fouarat, a été démoli en 1928)
Dans le compte rendu de cette mission dont les résultats devaient être considérables dans l’avenir, le Capitaine de Vaisseau de Marliave, Commandant la Division navale du Maroc, s’exprimait ainsi : «En amont, Kenitra attire l’attention : situé sur la route Salé- Fès, à proximité de la forêt de Maâmora, dont les bois de liège peuvent devenir de sérieux éléments d'exportation, ce point économise sur Mehedya au moins dix kilomètres de route et des plus mauvaises. II n'y a pas de ressac dans cette partie de l'estuaire. Le terrain entourant la boucle du Sebou est un véritable terre-plein destiné à recevoir des rails et des entrepôts. La profondeur est bonne le long de la berge rive droite du fleuve, à de rares exceptions près ; elle permettait l’accostage des navires soit on la rectifiant, soit on la garnissant d’appontement. Le rapport contenant cette relation est du 5 février 1912. On peut dire que ce jour-là le future Port Lyautey était conçu»
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p280
« Le13 août, le Commandant Caloni, assisté de Son adjoint le Capitaine, Braconnier, remonta à son tour le Sebou de Mehdia à Kenitra, en compagnie du Lieutenant de Vaisseau Lagorio. La conviction s'établit chez ces artisans de la première heure que Kenitra était le point du Sebou le plus avantageux pour servir de port de débarquement pour tout le matériel de chemin de fer et pour les approvisionnements destinés à Fès et à Meknes »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p281
« Ainsi se trouvaient reconnus et consacrés les avantages exceptionnels que Kenitra doit à sa situation géographique et topographique : point de passage obligé de toute route ou voie ferrée reliant Casablanca à Tanger, débouché naturel de la plaine du Gharb et des Béni Hsen, des régions de Fès et Meknès, et de la riche vallée agricole du Haut Sebou. »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p282
« En amont de Mehedya, écrit le commandant de Marliave, Kenitra attire l'attention; situé sur la route Salé-Fès, à proximité de la forêt de Maâmora dont les bois de liège peuvent devenir de sérieux éléments d'exportation, ce point économise sur Mehedya au moins 10 km. de route et des plus mauvaises. Il n'y a pas de ressac dans cette partie de l’estuaire. Le terrain entourant la boucle du Sebou est un véritable terre-plein destiné à recevoir des rails et des entrepôts. La profondeur est bonne le long de la berge droite du fleuve, à de rares exceptions près ; elle permettrait l'accostage de navires, soit en la rectifiant, soit en la garnissant d'appontements ».
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p374
« Le capitaine de vaisseau Simon, qui a succédé au commandant de Marliave, donne aussi toute son attention au développement de Kenitra.
En octobre 1912, il constate - ce qui est la marque indiscutable du succès au Maroc -, que la spéculation s'est abattue sur Kenitra »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p375
« Kénitra est située sur le Sebou à 17 kilomètres de son embouchure. Le Sebou est le seul fleuve navigable du Marco et il l’est sur un parcours d’environ 80 kilomètres. Sur la dernière partie de son cours, entre Kénitra et Mehedya où il se jette dans l’Atlantique, il coule en eau profonde, avec des fonds variant de 5 à 8 mètres, que des travaux d’aménagement pouvaient régulariser et stabiliser. Kénitra, bien abrité de la barre et des raz de marée, offrait donc, avec son avant-port de Mehedya, un accès maritime d’autant plus séduisant qu’il donnait un accès direct à la zone Nord du Maroc, Meknès, Fez, et de là, à la voie de la liaison ultérieure avec l’Algérie.
Ses avantages avaient déjà été reconnus avant l’établissement du Protectorat, puisque, lors de sa marche sur Fez, le général Moinier y avait établi une base maritime provisoire. »
pp : 184-185 « Paroles d’action 1900-1926 » : LYAUTEY-BNF
« Les uns débordent sur les autres. Or, il y a toute une zone dont le débouché naturel est Kénitra-Rabat. Tout mon effort consiste à vous réserver cette zone et à ne laisser personne vous y devancer. Vous m’avez compris, n’est-ce pas* ?
*Je sous-entendais Larache, port le plus voisin de la zone espagnole»
p189 « Paroles d’action 1900-1926 » : LYAUTEY-BNF

( Port Lyautey)القنيطرة : الذكرى المئوية للمدينة الأوروبية


يستغرب المرْءُ في القنيطرة من حماس أولئك الذين يريدون تخليد ذكرى المارشال ليوطي وتكريم بعض معمري المنطقة الذين قطنوا القنيطرة !!! و للتمويه على ذلك اتخذوا لهذا ″الاحتفال/الاحتفاء″ عنوانا هو : ( الذكرى المئوية للقنيطرة ) وكأنها لم توجد من قبل وانتظرت مجيء ليوطي لإنشائها إلا أن ذلك لم ولن ينطلي على كل مطلع على تاريخ هذه المنطقة .


فنظرا للتزوير الذي طال تاريخ المنطقة أصبح ذكر مدينة القنيطرة يجعل اسم "ليوطي" يقفز إلى الذهن لتركيز السلطات الكولونيالية عبر كل الوسائل المتوفرة لديها على جعله خالق هذا الموقع ، هذا الادعاء الكولونيالي الذي لازال الكثير من أنصاره يتشبثون به حيث توجد نماذج لهذا الفكر على سبيل المثال لا الحصر في كتاب : "Conquête du Maroc : René Millet":

" تقبل إنجلترا مبدأ تفوقنا في المغرب، إلا أنها تضع شروطا قاسية لذلك ، ليس فقط قبولنا بالتنازل عن كل حقوقنا في مصر و على الأراضي الجديدة ، ولكن في المغرب نفسه نلتزم بعدم تشييد أي حصن على المضيق بل أبعد من ذلك ، إلى مصب نهر سبو ......(.ص 16)

لقد ألمَّت لحظة حزن عميق بين الذين يسمون باحتقار - المعمرون – والذين يطالبون بلقب وطني..... (ص22 )

بالنسبة لهم الوطن الفرنسي لا ينتهي البتة عند مرسيليا ، إنه يستمر على الضفة الأخرى للبحر الأبيض المتوسط ...يتمنون العمل في سلام لبناء فرنسا جديدة على أنقاض إفريقيا الرومانية ....( ص22 )

إنه ليس غزوا نحن نعلم ذلك ، لكنها « عملية مسح جيدة » كما تقول جاندارك Jeanne d’Arc وهاهي الأمور قد عادت لنصابها" ( الصفحة : 22 ) Texte Archive > Canadian Libraries

نموذج آخر كتاب " نهضة المغرب:عشر سنوات من الحماية " La Renaissance du Maroc : Dix Ans de Protectorat:

"هذا المغرب الذي هو ملكنا، يجب أن يضم إلى الوطن الأم " ( الصفحة: 149)


في 23 فبراير 2005 يصادق البرلمان الفرنسي على قانون إعادة الاعتبار للمعمرين إبان المرحلة الكولونيالية و الاعتراف بالخدمات التي قدموها لفرنسا ،بل فرض تدريس ذلك بالمدارس الفرنسية


يقول القانون في مادته الأولى: "تعبر الأمة الفرنسية عن عرفانها للنساء والرجال الذين شاركوا في المهمة التي أنجزتها فرنسا في مقاطعاتها السابقة بالجزائر وتونس والمغرب والهند الصينية، وفي كل البلدان التي كانت تحت السيادة الفرنسية، وتعترف الأمة الفرنسية بالآلام التي كابدها والتضحيات التي بذلها المرحلون، والأعضاء السابقون في التشكيلات الإضافية والمدمجون والضحايا المدنيون والعسكريون خلال الأحداث المتعلقة بمسار استقلال هذه المقاطعات، وتعرب لهم ولعائلاتهم بصورة علنية عن عرفانها".

المادة الرابعة : "يجب أن تركز المقررات الدراسية بالخصوص على الدور الإيجابي للتواجد الفرنسي في ما وراء البحار خاصة في إفريقيا الشمالية وتمنح لتاريخ وتضحيات مجاهدي الجيش الفرنسي في هذه البلدان المكانة اللائقة بهم"


لقد كان هذا القانون بمثابة الإشارة التي أيقظت ذاكرة الشعوب المستعمرة سابقا، للنبش في تاريخها.


ففي هذا السياق عقد "مركز الذاكرة المشتركة والمستقبل"يوم الاثنين 16 نونبر 2009، بالخزانة الوطنية بالرباط ، ندوة تحضيرية دولية حول « الحماية الفرنسية بالمغرب بين التاريخ، والذاكرة، و السياسة»

من بين محاورها : * الانتهاكات الظاهرة والخطيرة لحقوق الإنسان خلال الفترة الاستعمارية.

تحضيرا للأسبوع الدولي لمناهضة الكولونيالية .


يقول مثل إفريقي : " مادام الأسود لا يتوفرون على مؤرخيهم ، فإن قصص الصيد ستستمر في تمجيد الصياد "



و الآن نعود إلى تسمية القنيطرة : تذكير بأهم الأحداث :


في سنة 1681 م (1092ھ) يسترجع المغاربة قصبة المعمورة على يد السلطان مولاي إسماعيل ويطلق عليها اسم «المهدية" بعد أن كان الإسبان قد حذفوا اسم " المعمورة" ليعوضوه ب San Miguel de Ultramar

في هذا التاريخ يظهر اسم "القنيطرة" ( تصغير قنطرة ) ، حيث أن واد الفورات - آخر رافد نهر سبو – كان يمثل حاجزا في فصل الشتاء- عند ارتفاع منسوب المياه- بالنسبة للتجار المتوجهين من سلا إلى فاس والعكس .

وحيث أن هذا الطريق كان يطلق عليه طريق السلطان أو طريق المخزن ، قام القائد علي الريفي تحت إمرة مولاي إسماعيل ببناء قنطرة فوق واد الفورات سنة 1685م

فحمل الموقع اسم " القنيطرة " منذ ذلك التاريخ أي 1685م .

إلا أن هذا الممر المنحصر بين غابة المعمورة والمرجة و واد الفورات كان خطيرا ، حيث أن قبائل زمور و بني حسن كانوا يهاجمون التجار المارين ب " القنيطرة " .

لوضع حد لانعدام الأمن قام السلطان مولاي الحسن سنة 1892 م ببناء " قصبة القنيطرة" على بعد 1350 متر من قنطرة واد الفورات . و تم بناؤها سنة 1895 (1313 ه ) على يد السلطان مولاي عبد العزيز.


يقول " إدمون دوتي" Edmond Douté في كتابه " Mission au Maroc –en tribu " واصفا قصبة القنيطرة سنة 1901 الصفحة p 141 :

« 23 يونيه 1901 ،على يسارنا تمتد غابة المعمورة الكبيرة ، مأوى زمور المنيع . وأخيرا في الساعة السادسة وخمس دقائق ، وصلنا نهر سبو:إنه جد متسع هنا وفي هذا الفصل ، إنه يجعلنا نتخيل نهرا فرنسيا .

و في الساعة السابعة ، نصل " القصبة العامرة " لامعة في بياضها، بجانب سبو


لقد كانت قصبة القنيطرة مخصصة لتكون :

* مبيتا للمحلات الملكية

* و القوافل التجارية

* واستقبال الجيوش العابرة

* ومحطة للبريد

* وعندما وقعت قلاقل في الرباط بسبب الشريف مولاي امحمد الذي دعا لمبايعته ،تم استسلامه وحبسه بدارالمخزن بالرباط قبل أن يقوده الحاج بنعيسى برﯖاش خليفة السلطان نحو فاس ومبيتهما هما والحرس المصاحب لهما بقصبة القنيطرة .

هذه نماذج مما كانت تعرفه قصبة القنيطرة من أنشطة في مختلف الميادين.


هكذا حملت هذه القصبة والتكتل السكاني المحيط بها اسم " القنيطرة ".

وعند الإنزال الفرنسي سنة 1911 كان يقطن حول القصبة جماعات :

* الساكنية

* اولاد اوجيه

* ﯖيش الحدادة

* مهداوة الذين كانوا يقطنون قصبة مهدية قبل إجلائهم عنها عند الإنزال سنة 1911

* بالإضافة إلى الشرفاء البوشتيين


هؤلاء السكان قطنوا هذه النقطة الجغرافية منذ مئات السنين ، وكانت القنيطرة بالنسبة لهم هي هذه " النقطة الجغرافية والتاريخية " وليست " نقطة في الفضاء " كما قال ليوطي.


الأوروبي الذي وصل القنيطرة قبل نقل القاعدة العسكرية من مهدية إليها هو السويسري الجنسية " روبير موسار" Robert MUSSARD الذي يكتب في مذكراته المعنونة ب : « Souvenir du vieux Maroc » :


«بعد شهر من استقراري (1911) قال لي" الجيلالي" ( مغربي صريح وأمين والذي سرعان ما أصبح رجل ثقتي):

إن الساكنية تريد أن تبيع لك أرضا...الأرض التي يقترحون علي مساحتها خمسون هكتارا...تقع أمام قصبة القنيطرة، على شاطئ النهر، لقد كانت في غاية الأهمية، إذ يشاع أنه من المحتمل إحداث ميناء في هذا المكان»

Souvenirs du vieux Maroc : Robert MUSSARD p15-16


ثم يضيف قائلا :

«في الواقع لم تحدد هذه الدواوير( الساكنية واولاد اوجيه والحدادة ) التي تملك آلاف الهكتارات حدود ملكية كل منها

.......

و بما أنني سويسري لم أكن مؤازرا من السلطات الفرنسية أو بالأحرى كنت أتعرض لعدوانها الغير المعلن بسبب اقتناء الأراضي»

p17 Souvenirs du vieux Maroc : Robert MUSSARD


لم يقع الاختيار على القنيطرة لخلق ميناء عسكري في البداية قبل فتحه في وجه الملاحة المدنية اعتباطا ولكن :


* للشروط الإنجليزية.

* لكون نهر سبو هو الوحيد القابل للملاحة وقد كان ذلك من الأسباب التي جعلت مولاي سليمان

يغلق ميناء المهدية سنة 1795 خشية التغلغل الأوروبي عبر سبو لاحتلال البلاد.

* لخصوبة السهول المجاورة و التي تفوق خصوبتها خصوبة سهول الشاوية مما شجع على تدفق " المعمرين عليها".

* لربح المسافة الفاصلة بين القنيطرة و الدار البيضاء لنقل العتاد الحربي .

* للاعتقاد أن شمال إفريقيا ومن ضمنها المغرب جزء من فرنسا.


وإمعانا في محو الذاكرة قامت السلطات الكولونيالية ب :

* هدم قنطرة الفورات.

* تغيير مجرى واد الفورات.

* هدم القصبة سنة 1919 رغم أن ظهير20 نونبر 1912 المنشور بالجريدة الرسمية رقم 5 و الذي ينص على الحفاظ على المآثر و الكتابات التاريخية لم يتم احترامه بالنسبة لقصبة القنيطرة حيث تم تخريبها بعد إجلاء التجمع السكاني الذي كان يحيط بها..

* تغيير اسم القنيطرة سنة 1932 .


إن ما قام به " ليوطي " هو إحداث مدينة أوروبية على الطراز الكولونيالي مثلما فعلت بلجيكا في الكونغو بإحداث " إيليزابيث ﭬيل " Elisabethville (Lubumbashi) هناك إقليم كطانڴا الغني بالمعادن وهنا سهول الغرب بخصبها ،وميناء القنيطرة كمنافس لميناء العرائش وميناء طنجة .


إنها "عملية مسح جيدة" كما قالت جان دارك Jeanne d’Arc


ومن غرائب ما تنقله جل الدراسات الكولونيالية ، كون المسجد الذي يوجد بقصبة القنيطرة لم تقم به صلاة قط !!! إلا أن الواقع هو أنه تم تحويله من طرف قوات الاحتلال إلى سكني المراقب المدني الفرنسي.


هنا يتبادر التساؤُل عن سبب الدعوة في المدة الأخيرة إلى الإشادة بالفترة الكولونيالية. ووجوب إيقاف عملية مسح الذاكرة التي تعرضت لها القنيطرة و محاولة جعل الفترة الكولونيالبة متألقة مقابل طمس التاريخ المحلي الذي يستحق كل اهتمام .


إذا كانت بعض الجهات تستعد لتخليد الذكرى المئوية لمدينة "ميناء ليوطي" ، فيجب أن تنتظر 2032 ،حيث أن اسم "ميناء ليوطي" لم يُفرض إلا في سنة 1932 ، ثم تستعيد القنيطرة اسمها على يد السلطان محمد الخامس سنة 1956 .

كخلاصة يحق لكل امرئ أن يتساءل : أليس تخليد الذكرى المئوية لميلاد « ميناء ليوطي»، هو في الواقع بعث للفترة لكولونيالية ؟ وتناس لكون المدينة المعنية اكتست رسميا بالألوان الوطنية ― تاريخيا و نضاليا ضد المحتل― بحيازتها لاسمها الحقيقي القنيطرة.

إن ما يُخشى هو أن تُؤدي هذه السيرورة إلى دعوة مماثلة لتخليد ذكرى احتلال البلاد سنة 1911. أو بذكرى أليمة أخرى مما عرفته المنطقة إبان الفترة الكولونيالية.