mercredi 24 novembre 2010

Kenitra sur des cartes avant le protectorat


Carte n° 1




 Carte n° 2







Carte n° 3





Carte n° 4




dimanche 21 novembre 2010

Kenitra précolonial

« Vous savez qu’en pays marocain, hors des grandes villes, où les maisons de pierre sont enveloppées de hautes murailles, le domicile, la maison, même dans les villages fixes, s’est la tente »
Contre la guerre au Maroc - Jean Jaurès - 1908. p 25

dimanche 5 septembre 2010

"Notables marocains" à la Commission municipale Française de Kenitra entre 1914 et 1931

Les"notables marocains" désignés par le Maréchal de France Commissaire Résidant Général à faire partie de la Commission municipale Française de Kenitra (sous l’occupation Française) sur proposition du secrétaire général du protectorat entre 1914 et 1931





N° 220 : Arrêté Viziriel du 12 Décembre 1916 portant renouvellement des pouvoirs des membres de la Commission municipale de Kenitra. p 20



N° 243 : Arrêté Viziriel du 15 Mai 1917 portant dissolution de la Commission Municipale actuellement en exercice et création d’une Commission Municipale nouvelle à Kenitra. p 671



N° 433 : Arrêté Viziriel du 19 Janvier 1921 portant prorogation des pouvoirs des membres de Commission municipale de Kenitra . p 228



N° 478 : Arrêté Viziriel du 5 Décembre 1921 portant désignation des notables de la ville de Kenitra, appelés à faire partie de la commission municipale mixte de cette ville en 1922. p 1944



N° 641 : Arrêté Viziriel du 31 Décembre 1924 modifiant la composition de la commission municipale mixte de Kenitra et portant désignation des notables appelés à faire partie de cette commission municipale, en 1925. p 169



N° 689 : Arrêté Viziriel du 26 Décembre 1925 désignant les notables de la ville de Kenitra appelés à faire partie de la commission municipale mixte de cette ville en 1926. p 5.



N° 742 : Arrêté Viziriel du 30 Décembre 1926 modifiant la composition de la commission municipale mixte de Kenitra, et portant nomination des membres de cette commission pour l’année 1927. p 77



N° 772 : Arrêté Viziriel du 23 Juillet 1927 portant remplacement d’un membre marocain de la commission municipale mixe de Kenitra. p 1811.



N° 845 : Arrêté Viziriel du 29 Décembre 1929 portant nomination de membres de la commission municipale de la ville de Kenitra. p 7.



N° 897 : Arrêté Viziriel du 20 Décembre 1929 portant nomination de membres de la commission municipale de la ville de Kenitra. p 10.



N° 953 : Arrêté Viziriel du 22 Décembre 1930 portant nomination de membres de la commission municipale mixte de la ville de Kenitra. p 118.



N° 969 : Arrêté Viziriel du 9 Mai 1931 portant nomination d’un membre de la commission municipale de Kenitra. p 633.



Sans commentaire

Pour consulter plus de numéros du B.O sur Kenitra, connectez-vous à : http://www.kenitra-retro.com/


mercredi 21 juillet 2010

Expropriation des Kenitriens en faveur des colons


Expropriation des Haddada , des Oulad Oujih, des Saknia, des Oulad Mlik,des Ameur Haouzia, des Saknia Rmel , des Ouled Slama en faveur des colons entre 1913 et 1932 [Expropriation pour colonisation]
Exemples d’Arrêtés Viziriel
Vu pour promulgation et mise à exécution :
…… (Ville), le ……. (Date)
Le Commissaire Résident Général,

B.O :N° 317 : Dahir du 9 Novembre 1918 autorisant la vente de la Kasbah de Kenitra. p 1050 (voir : B.O. N° 5 Année 1912) [Expropriation pour colonisation]

B.O :N° 444 : Dahir du 2 Avril 1921 déclarant d’utilité publique l’aménagement du centre d’aviation maritime de Kenitra, portant cessibilité des terrains nécessaires à cet effet et déclarant urgente la prise de possession des dits terrains. p 698 [Expropriation par le Département de la Guerre]

B.O : N° 519 : Arrêté Viziriel du 16 Septembre 1922 déclarant d’utilité publique l’extension du lotissement maraîcher crée à Kenitra. p 1462. [Expropriation pour colonisation]
Arrêté Viziriel du 23 Septembre 1922 déclarant d’utilité publique la création d’une pépinière à Kenitra et désignant les parcelles à exproprier. p 1463. [Expropriation pour colonisation]

B.O : N° 549 : Arrêté Viziriel du 14 Avril 1923 frappant d’expropriation une parcelle présumée appartenir aux Oulad Mlik (Kenitra). p 554. [Expropriation pour colonisation]

B.O : N° 554 : Arrêté Viziriel du 12 Mai 1923 déclarant d’utilité publique la constitution d’un parc à bestiaux à Kenitra et frappant d’expropriation les terrains (des Saknia) nécessaires à cet effet. p 678. [Expropriation pour colonisation]

B.O : N° 726 : Arrêté Viziriel du 8 Septembre 1926 déclarant d’utilité publique l’acquisition de parcelles sises au lieu dit « Merja du Fouarat » (voir tableau de désignation des parcelles frappés par l’expropriation). p 1820. [Expropriation pour colonisation]’ :



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vendredi 18 juin 2010

Feu Sa Majesté Mohamed V à Kenitra en 1956


Le jeudi 20 septembre 1956, le Sultan Sidi MOHAMMED ben YOUSSEF fit son entrée dans la ville de Kenitra pavoisée aux couleurs chérifiennes. La foule en liesse acclamait le souverain sur les trottoirs et les terrasses aux cris de « Yahia! El Malik » « Yahia! El Malik », Jamais la ville n’avait connue un enthousiasme aussi grand.

Voici une vidéo témoignant de cette visite

En reprenant son nom original, KENITRA retrouva son identité de ville marocaine.

dimanche 18 avril 2010

Kenitra / Port Lyautey, Histoire et Mémoire


Nous vivons dans un temps qui attache une grande importance à l'histoire. Il semble en effet que l'histoire est une discipline indispensable à la formation des citoyens dans l'Etat. Les historiens nous rappellent toute l'importance du devoir de mémoire à l'égard de ce passé que nous ayons traversé. La connaissance du passé permet d'expliquer le présent. Garder mémoire en n'oubliant pas le passé, c'est demeurer vigilant et être capable de déceler ce qui dans notre temps risquerait de s'avérer une répétition sinistre du passé.

Pour commencer, il n’y a pas mieux que de donner la parole au Maréchal Louis Hubert Lyautey lui-même :

« Voici dix-huit ans que je pratique la guerre coloniale et, j'ose le dire, c'est une noble guerre. »
Louis Hubert Lyautey 
Paroles d'action - Lyautey. p134.

Sous le prétexte de desserrer l’étau autour de Fès, la Capitale assiégée, l’armée française débarqua à Mehdia au mois de Mai 1911. Seulement une fois à terre, elle se dépêcha d’évacuer la Kasbah de Mehdia de sa population pour l’ériger en base militaire d’où les troupes pourraient s’engager à l’intérieur du pays. Cette action de force se doubla d’une propagande qui s’évertua à vanter les bonnes intentions animant cette compagne.



Analyse du document >> Analyse_du_document


Rapidement, l’importance stratégique de la Kasbah de Kenitra se confirma sur le terrain. Le Sebou, avec une largeur de 250m et une profondeur de 6m, en faisait un port naturel pour l’amarrage des navires à vocation commerciale, offrant ainsi des facilités d’embarquement et de débarquement dont on ne disposait pas au port de Mehdia.

« De tout temps, les ports chargés d’approvisionner FES en articles étrangers avaient été TANGER et surtout LARACHE, à l’embouchure du LOUKKUS. Mais avec le nouveau statut du MAROC, tous deux échappaient à l’action de la France. Il fallait donc trouver un débouché français au commerce de FES et organiser, s’il se pouvait, une concurrence à LARACHE, en captant son commerce ; on ne pouvait penser à RABAT d’accès médiocres et situer trop au sud. Seul le port de KENITRA, débouche naturel de la plaine du Gharb  et des régions de MEKNES et de FES, parut répondre aux conditions requises. »
Kenitra (ex Port-Lyautey)-Historique de la ville européenne sous le protectorat Français
1911-1956-P31

« La riche région du Gharb constitue un arrière – pays plein d’avenir, qui n’est aujourd’hui qu’à l’aurore de son développement. Kenitra est bien placé pour devenir le port d’exportation des céréales du Nord marocain. »
Revue de Géographie Marocaine n° 4-P378

Commençant par la Kasbah de Mehdia, passant par celle de Kenitra et finissant aux confins du Merja du Fouarat, une bande immense de terres collectives appartenaient à des tribus qui, depuis fort longtemps, y vivaient de père en fils.
Les autorités coloniales qui convoitaient ces espaces cherchèrent une forme juridique adéquate pour s’en emparer. Elles demandèrent alors aux occupants marocains d’en fournir les titres de propriété qui, pour le cas des terres collectives n’avaient aucun sens.

 « Le Maroc … est peuplé d'une race d'agriculteurs. Or, pour cultiver, il faut à la fois la terre et la main-d’œuvre. La main-d’œuvre existe au Maroc … Au Maroc, la population dominante prépondérante, est la population berbère autochtone, cette population qui avait fait de l'Afrique du Nord un des greniers de Rome. Elle est toujours profondément attachée à son sol ; elle l'aime, elle en est jalouse. Elle a toutes les qualités du bon agriculteur, tel que nous le connaissons en France
La terre du Maroc n'est pas libre a priori.
Nous n'avons pas pu songer un seul instant et cela ne viendrait à la pensée de personne, à exproprier brutalement de la terre qui leur appartient, car toute la terre est possédée, le nomadisme n'existant pas au Maroc … Nous n'aurions abouti, par un procédé de cette sorte, qu'à développer la plus terrible et la plus légitime des insurrections.
Il en résulte que les terres disponibles pour les colons et les Européens se sont trouvés rares au début; elles le sont encore. Cependant, à côté du procédé habituel d'achat il a été possible de s'en procurer par d'autres moyens dans le détail desquels je ne veux pas entrer ici. Je me borné à indiquer que, si les Marocains ne sont pas nomades, beaucoup de tribus ont gardé la coutume antique de la propriété collective des terres. Nous arrivons, nous sommes déjà arrivés souvent à leur faire comprendre, à les convaincre que la véritable forme de la propriété est la propriété individuelle.
Et c'est justement sur cette terre collective que nous créons des lots domaniaux pour en faire bénéficier la colonisation française»
Paroles d'action-Lyautey-P441-bnf

Un autre témoignage

« Le Maroc est-il un pays neuf ?
Gardons-nous bien de traduire Moghreb par Far-West. Au Maroc, si les horizons sont vastes et si le voyageur parcourt souvent de longs kilomètres en auto sans apercevoir la moindre agglomération il ne faut pas en conclure que les terres sont sans maître et inutilisées. Tout champ, limité non par des barrières ou des haies, mais par une pierre, un buisson ou un accident de terrain imperceptible pour le passant, a un possesseur, sinon plusieurs ; et, pour en convaincre le touriste sceptique, il suffirait de l’arrêter en plein bled et de lui faire planter un piquet de tente pour le voir entouré, comme par miracle, d’indigènes semblant sortir de terre et qui lui demanderaient, non sans quelque soupçon, s’il n’est pas un géomètre du maghzen venu pour prendre mesure de leurs biens dans un but inquiétant. Car le fellah, qu’il soit arabe ou berbère, est au Maroc foncièrement agriculteur, si l’on entend par là qu’il tient passionnément à son champ ; plus exactement, il est attaché aux biens de ce monde, et la terre représente en définitive, pour des gens qui n’ont pas encore une bien solide confiance dans les billets de banque, le seul capital qui ne soit pas susceptible de volatilisation. »
La Renaissance du Maroc. Dix ans de protectorat. 1912-1922. 1922.
RÉSIDENCE GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU MAROC
RABAT
p281-282-bnf

Néant moins, on commença à faire les premières démarches pour inscrire et titrer les biens immobiliers tout autour de la Kasbah de Kenitra, à en faire le bornage et la propriété au profit de telle ou telle partie, pour ensuit en disposer d’une façon légale « pour raison de colonisation » 

 « Vous êtes, Messieurs les Colons, notre raison d'être dans ce pays. Si la France, à grands efforts d'hommes et d'argent, s'est reconstitué en ce dernier quart de siècle un des plus vastes empires coloniaux du monde, ce n'est pas pour en faire un champ de manœuvres ni des colonies de peuplement de fonctionnaires, mais pour y ouvrir un champ d'action aux plus courageux de ses enfants et créer des débouchés à leur activité économique. »
Paroles d'action-LyauteyP56

« L'idée fondamentale de la nouvelle génération coloniale, vous la connaissez bien c'est que, parmi nous, il n'y a plus ni militaires ni civils, que tous, sans distinction d'habit, colons, industriels, ingénieurs, fonctionnaires, officiers, tous, pionniers de l'œuvre commune, ne forment qu'une phalange, la phalange coloniale, Les officiers qui vous entourent ce soir, ils sont tous de la nouvelle école militaire coloniale. Ils renouent la tradition des légionnaires romains, fondateurs de villes mais toujours prêts à marcher à l'ennemi, demain, comme ils y marchaient hier : ils savent qu'un poste militaire colonial est bien moins une caserne ou un corps de garde qu'un centre de diffusion de l'influence française, dont le premier rôle est de protéger la construction d'un chemin de fer, d'assurer la sécurité d'un marché, d'ouvrir de nouvelles régions à notre pénétration économique. »
Paroles d'action-LyauteyP85

Pour avoir une idée sur l’immensité des terres dont on avait exproprié, en temps du protectorat, les populations de Kenitra, il suffit de consulter les Bulletins Officiels parus entre 1913 et 1932


« Ah! Les Romains dont nous déblayons les traces, y mettaient moins de façons. Ils traitaient vraiment les indigènes en vaincus, employaient leurs bras sans compter. Après les avoir dépouillés de leurs champs, ils leur laissaient à peine de quoi vivre. Je n'en veux pour preuve que les inscriptions qui nous font connaître le régime intérieur d'une ferme romaine et mieux encore, ces mosaïques, ces marbres, ces statues, ces fontaines dont la pioche met au jour les débris. Luxe africain, payé littéralement par la sueur des indigènes; rançon de la civilisation antique. »
Conquête du Maroc par René Millet-P242




« Le colon français prétend, parce qu'il est humain et juste [!!], payer argent comptant tous les services qu'on lui rend. Il est ainsi dominé, souvent même écrasé par un souci complètement ignoré du maître antique, à savoir celui du prix de revient. Aussi sa seule présence est-elle une source de bien-être pour les populations qui l'entourent : un fellah qui travaille chez les colons gagne 1 franc ou 1 fr. 30 par jour au minimum [Après la saisi de ses terres par l'expropriation]. Si ce n'est pas là une stricte application des idées de « justice » qui sont l'honneur de la civilisation française »
Conquête du Maroc par René Millet-P242

Dans le but de porter un coup de maître à l’artère commercial qui alimentait Larache alors sous le protectorat espagnol, on fait venir de cette ville et de Fès des commerçants (juifs et musulmans) qu’on installa à Kenitra où ils devaient transférer leurs activités et faire prospérer le commerce entre l’intérieur du pays et l’étranger .

« Des commerçants fassis furent attirés par l’activité du port et l’essor de l’agglomération européenne. Ils s’installèrent tout d’abord de façon provisoire dans des baraquements, puis construisirent des immeubles non loin du Sebou, autour du marché rural qui s’était établi à la limite nord-est du lotissement réservé à l’armée »
L’Evolution sociale du Maroc Le protectorat Marocain de Port Lyautey
Par Stéphane Delisle-p119

« Bientôt, cependant des commerçants fassis furent attirés par l’activité du port et favorablement impressionnés par l’essor de l’agglomération européenne : ils s’installèrent tout d’abord de façon provisoire dans les baraquements, puis construisirent des immeubles non loin du Sebou » 
B. E. S. M. n° 85 - Kenitra : « Historique et analyse du développement… » Nespola. (1960)P42

« Le premier noyau de peuplement juif provint des apports de la zone espagnole, Larache, El Ksar, Tétouan et de Tanger. Sensibles à la capture du commerce du Nord Marocain au profit de Kenitra, les Israélites transférèrent boutiques et bureaux au voisinage du port du Sebou. Fidèles à leur grégarisme ancestral, ils eurent tendance à concentrer leur habitat au Nord du lotissement marocain. Leur communauté s’organisa sous la direction du négociant Amsellem venu de Larache. »
LE RHARB FELLAHS ET COLONS
LE COZ-P895
« Ainsi, Fez et Meknès recevaient autrefois par caravanes de Tanger ou de Larache les sacs de sucre ou les balles de cotonnades, que venaient acheter dans les « Souks » les gens des tribus ; aujourd'hui, les marchandises arrivent surtout par chemin de fer de Casablanca ou Kenitra. »
La Renaissance du Maroc. Dix ans de protectorat. 1912-1922. 1922.
RÉSIDENCE GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU MAROC
RABAT
P312

Pour embellir l’image du colonialisme, on désigna des notables de la ville de Kenitra, au sein de la commission municipale mixte de cette ville, cette institution était dirigée indirectement par le Résidant Général qui en disposait à son gré. Conséquence : la commission municipale changea 21 fois entre 1913 et 1932 (voir le B.O de cette période)

Le 1° Avril 1913 le Résidant Général Louis Hubert Lyautey visita Kenitra, B.O. n° 23
Comme il a fait pour Marrakech



Le 27 juin 1913 fut institué le Contrôle Civil de Kenitra.

 La première commission municipale provisoire de Kenitra fut désigné le 23 Décembre 1914 par arrêté Viziriel visé par Lyautey et paru au B.O.n°115 du 4 Janvier 1915.

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"Dans la mémoire le souvenir est présent et le passé se perpétue. Il n'est jamais tout à fait passé... La mémoire est affective et soude les groupes."
 
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«  Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur »
 « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. »
Winston Churchill

mercredi 3 février 2010

Kenitra : Centenaire de la ville Européenne (Port Lyautey)



On a été vivement étonné à Kenitra par la décision prise par ceux qui, sous prétexte de célébrer le soi-disant centenaire de cette ville, se prépare en fait à saluer la mémoire du Maréchal Lyautey et à rendre hommage à un certain nombres de colons qui comptaient parmi la population la plus en vue de la ville, comme si Kenitra n’avait d’histoire que coloniale. La réalité et que celle-ci n’a pas attendu Lyautey pour voir le jour. Elle a en effet, des centaines d’années derrière elle, comme elle ne cesse de le prouver, document à l’appui. C’est que la vérité est têtue et jamais le faux ne pourra l’occulter quels qu’en soient les moyens et les subterfuges mis en œuvre.
L’habileté des « faussaires » coloniaux et de leurs supporters est telle que, par une sorte d’association magique, dès qu’on évoque Kenitra, surgit à l’esprit le nom de Lyautey, en tant que fondateur attitré. Les défenseurs de cette thèse erronée sont légion, à commencer par René Millet qui écrit dans son ouvrage ‘Conquête du Maroc’ :
« Pendant un demi-siècle, cette espèce d'interdit pesa sur notre politique africaine. La partie la plus belle et la plus riche du Maghreb fut ainsi soustraite à la civilisation.»[ !]
« La Grande-Bretagne admettait le principe de notre prépondérance au Maroc, mais elle y mettait des conditions très dures. Non seulement nous renoncions à tous nos droits sur l'Egypte et sur Terre-Neuve, mais au Maroc même nous promettions de n'élever aucune fortification sur le détroit et même plus loin, jusqu'à l'embouchure du Sebou.»
«Il y eut un moment de tristesse profonde parmi ceux qu'on appelait dédaigneusement « les coloniaux », et qui réclament le titre de patriotes.
Pour eux, la Patrie française ne finit point à Marseille ; elle se continue sur l'autre rive de la Méditerranée. Ils savent, ceux-là, que l'Afrique du Nord forme une île en quelque sorte indivisible entre le désert et la mer. Ils espéraient que la France, … travaillerait en paix à la construction d'une France nouvelle sur les débris de l'Afrique romaine.»
« Pas de conquête, c'est entendu, mais un « bon coup de torchon », comme disait Jeanne d'Arc, et voilà les affaires rétablies. »
Notez que ces descendants des Romains, les « Roumis » comme on les appelle là-bas, n'en- traient pas là sur la terre des autres, ainsi que les Anglais dans l'Inde ou les Espagnols chez les Incas. On peut dire qu'ils revenaient chez eux pour renouer, sur l'autre bord de la Méditerranée, la chaîne brisée de leur propre civilisation. C'est une vérité qu'on ferait bien de rappeler à ces indigènes qui le prennent aujourd'hui de si haut... »
Un point de vue similaire se trouve dans l’ouvrage ‘La Renaissance du Maroc- Dix Ans de Protectorat’ : « …et ce Maroc, qui est bien nôtre, doit être intégralement conservé à la Mère-Patrie » p149
Même aujourd’hui, on peut se demander avec inquiétude, si la coupure nette et définitive avec l’esprit colonial a bien eu lieu. Il y a peut-être lieu d’en douter. Voici le sujet d’Histoire proposé au Baccalauréat S en 2008 qui porte sur le discours prononcé par Jules Ferry, à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885 :
« (...) Messieurs, il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le bien : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... Je répète qu'il y a pour les races supérieures, un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (...) »
Le 23 Février 2005, le Parlement a adopté une loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés :
Article 1
« La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.
…… et leur rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage. »
Article 4
…. « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. »
Cette reconnaissance et cette réhabilitation prononcées à haute voix d’un si haut lieu ne peuvent laisser indifférent.
Un sérieux travail s’est engagé dans les anciennes colonies sur l’histoire confisquée de cette période sombre de leur vie.
A titre d’exemple, le Centre de la Mémoire Commune et de l’Avenir (CMCA) a organisé le 16 novembre 2009 à la Bibliothèque Nationale de Rabat un colloque international préliminaire sous le thème : « Protectorat Français au Maroc entre histoire, mémoire et politique » au cours duquel le débat s’est articulé autour des questions et problématiques suivantes :
  • Des concepts de la mémoire et de la colonisation ;
  • Les rapports entre mémoire et histoire ;
  • En quoi l'exemple du passé colonial de la France est-il révélateur de la complexité des rapports mémoire et colonisation ?
  • Le traitement des flagrantes et graves violations des droits de l'homme commises pendant la période coloniale ?
Le point de départ étant la plateforme élaborée par des historiens marocains spécialisés, dont une première lecture a été présentée par un membre du Bureau Administratif du Centre. Après quoi, le débat s’est engagé entre les participants à la rencontre en vue d’enrichir ladite plateforme , de dégager les problématiques profondes que pose la colonisation française du Maroc et élaborer, par conséquent, les axes du colloque international devant se tenir en 2010.
En somme, il est opportun d’évoqué le proverbe Africain qui dit : « Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur. »
Maintenant, il convient de revenir à l’appellation de ″Qonïterah″ ( Kenitra ) pour en rappeler brièvement les faits historiques essentiels :
En 1681, sous le règne de Moulay Ismaïl, les Marocains récupèrent la kasbah de la Maâmora qui prend le nom de Mehdia, dont les Espagnols avaient changé le nom « la Maâmora » par celui de « San Miguel de Ultramar ».
A la même date, apparaît le nom ″Qonïterah″ qui signifie petit pont. Ce qui renvoie naturellement au fait qu’en hivers les crues de l’oued Fouarat dernier affluant du fleuve Sebou, coupaient la route aux commerçants qui désiraient se rendre de Salé à Fes ou de Fes à Salé.

Cette route était connue par Trik El Mekhzen ou Trik Essoultane et c’est le Caïd Ali Errifi qui l’a dotée, par ordre du Sultan Moulay Ismaïl, d’un pont sur l’oued Fouarat en 1685, d’où Kenitra tire, depuis, son nom.
Seulement, ce passage entre la forêt de la Maâmora, El Merja et l’oued Fouarat était dangereux en raison des attaques des tributs Zemmour et des tribus Bni Hssen contre les commerçants qui s’y aventuraient.
Pour sécuriser cet endroit, Moulay Hassan Ier fit bâtir en 1892 la Kasbah de Kenitra, à 1350 mètres du pont construit sur l’oued Fouarat, sachant que les travaux furent achevés par Moulay Abdelaziz en 1895.
Edmond Doutté décrit, dans son livre ‘Mission au Maroc- en tribu’ :
« 23 juin 1901 – à notre gauche s’étend la grande forêt de la Maâmora, repaire à peu près impénétrable des Zemmour. En fin, à six heures quarante-cinq, nous rejoignons le Sebou : il est assez large ici et en cette saison, il donne l’illusion d’un fleuve de France.
A sept heures, la Kasbah d’El Amira ( Âamirah ) étincelle dans sa blancheur, à côté du Sebou »
Pour raviver les mémoires, il est utile de rappeler que la Kasbah de Kenitra :
  • Servait de dortoir pour les Mhallas (compagnes militaires) du Sultan.
  • Recevait les convois commerciaux.
  • S’érigeait en lieu d’accueil pour les armées de passage.
  • Constituait une station de relais pour les services de Poste.
  • L’importance de ce lieu est telle que El Haj BenAïssa Bargache et sa garde y passèrent la nuit lorsqu’ils devaient conduire à Fes le Cherif Moulay M’Hammed qui, en revendiquant le trône Alaouite, provoqua des troubles à Rabat.
Tel, est le genre d’activités que connut cette Kasbah et c’est ainsi qu’elle prit, avec les habitations environnantes, le nom de KENITRA.
Lors du débarquement français en 1911, la population alentour se composait des Saknia, Oulad Oujih, Haddada, Mehdawa (qui se trouvaient à la Kasbah de Mehdia avant leur transfert suite au débarquement des troupes françaises) et, enfin, les chorfa Bouchtiyine.
Ce point géographique accueilli toute cette population, des centaines d’années durant. Il n’a donc rien d’imaginaire. Il n’était pas « en 1912 qu’un point dans l’espace » comme prétendait Lyautey.
Le premier européen qui s’installa à Kenitra, avant que la base militaire ne fût transférée de Mehdia vers elle fut le Suisse Robert MUSSARD qui raconte dans son livre ‘Souvenirs du Vieux Maroc’ :
« Un mois après mon installation (1911) Jilali (un Marocain franc et loyal il ne tarda pas à devenir mon homme de confiance) me dit : Les Saknia veulent te vendre un terrain. Les Saknia étaient une fraction de tribu dans la région de Kenitra, voisine de deux autres fractions, les Oulad Oujih et les Hadada. Le terrain d’une cinquantaine d’hectares qu’il me proposaient était sablonneux, sans valeur agricole, mais situé devant la Casbah de Kenitra,en bordure du fleuve ;il était intéressant car le bruit courait qu’il serait possible qu’on fit un jour un port à cet endroit » p15-16
«En réalité ces douars qui possédaient des milliers d’hectares n’avaient jamais fait une délimitation entra eux.»
«Etant Suisse, je n’étais pas appuyé par les autorités française ou plutôt je me trouvais en butte à son hostilité plus ou moins déclarée pour l’acquisition de terrains» p17
Le choix de créer à Kenitra un port militaire, érigé par la suite en port ouvert à la navigation civile, ne fut pas un acte fortuit. Il se motivait par :
· Les conditions édictées par l’Angleterre.
· La navigabilité du Sebou à l’exclusion des autres cours d’eau du pays. Notons que cette caractéristique poussa Moulay Slimane à fermer le port de Mehdia en 1795, pour prévenir toute intrusion européenne à partir du Sebou visant la conquête du Maroc.
· La fertilité des plaines environnantes qui surpassait celle des plaines de la Chaouia et qui détermina un grand nombre de colons à s’y implanter. A propos Robert MUSSARD écrivit dans son livre ‘Souvenirs du vieux Maroc’ en 1911 :
« Voulant d’abord bien connaître la région j’ai pris une place dans une banque agricole. J’y faisais la jonction avec des fermes répandues en Chaouia lorsque je reçus une lettre d’un Capitaine du 1er Chasseur d’Afrique que j’avais connu à Setif. Maintenant chef de Service de renseignement à Méhédya il m’écrivait : « La plaine du Sebou est riche en terres fertiles. C’est une belle région dont l’occupation par nos troupes ne remonte qu’à quelque mois. Venez-y voir. »
· Le raccourci que cela représente quant au transport du matériel militaire en direction de Fes.
L’acharnement des autorités coloniales contre la mémoire de Kenitra se traduisit par :
  • La destruction du pont Fouarat.
  • Le changement du cours de l’Oued Fouarat.
  • La démolition de la Kasbah de Kenitra en 1919, en dépit du Dahir du 20 Novembre 1912 publié au bulletin officiel n°5 qui ordonnait la conservation intacte des monuments et des écrits historiques.
  • Le changement du nom de Kenitra en 1932.
Après tout, comme disait Jeanne d'Arc : « Pas de conquête, c'est entendu, mais un bon coup de torchon », ‘Conquête du Maroc’ par René Millet.
L’action de Lyautey consistant à créer une ville Européenne de type colonial, rappelle la création d’Elisabethville par les Belges au Congo et la richesse minière du Katanga fait écho à la richesse agricole des plaines du Gharb et des Béni Hsen, des régions de Fès et Meknès, et de la riche vallée agricole du Haut Sebou. A quoi il faut ajouter la grande importance du port de Kenitra acquise sur le compte des ports de Larache et de Tanger.
L’allégation la plus étonnante qu’on trouve dans la plupart des ouvrages de référence coloniale est de dire, sans avoir froid aux yeux, qu’il n’y eut jamais de prière dans la Mosquée de la Kasbah de Kenitra, transformée en résidence du Contrôleur Civil par les autorités de l’occupation!!!
Après ce triste constat, on est en droit de s’interroger sur la nature des raisons qui ont servi de fondement à l’appel lancé pour gratifier et donner un visage humain, ces derniers temps, à la colonisation. Il est urgent pour sauver la mémoire authentique de cette période douloureuse de notre histoire, de prendre, au nom de la vérité, position contre tous ceux qui, par la falsification et la brillance du discours, essaient de gommer notre Histoire.
Si certains organismes se préparent à célébrer le centenaire de Port Lyautey, il faut attendre 2032, parce que le nom de Port Lyautey n’a été imposé qu’en 1932, avant de laisser place en 1956 au vrai nom KENITRA.
Pour conclure, il n’est pas sans objet de dire que :
Célébrer le centenaire de la naissance de Port Lyautey, c’est en quelque sorte ressusciter l’époque coloniale et ignorer que la ville en question s’est revêtis officiellement des couleurs nationales en s’appropriant par l’histoire et la lutte anti-coloniale son vrai nom KENITRA.
On craint que le processus engagé n’aboutisse à célébrer l’occupation du pays en 1911.

Quelques références à retenir sur Kenitra entre 1911 et 1913 :
N° 283.
M. DE BILLY, Chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 14 mai 1911.
Le Général Moinier m’envoie de Kénitra le télégramme suivant, sous la date du 13 :
« Les colonnes Gouraud et Brulard sont réunies aujourd’hui, 13, à Lalla Ito; la marche s’est effectuée sans qu’il y ait eu d’incidents. »
R. DE BILLY.
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI / 1910 – 1912 / p312/ BNF
N° 304.
M. DE BILLY, chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 21 mai 1911.
Le Général Ditte m’envoie de Kénitra, le 19 mai, la communication suivante :
« Le Général Moinier a quitté Lalla Ito le 17 mai avec le Général Dalbiez, le colonel Brulard, environ 8000 hommes, 1700 chameaux chargés en vivres pour douze jours et des munitions suffisantes. Son intention est de prendre par Hadjer el Ouakef, au nord de Zogotta ; il évalue à six le nombre des étapes pour atteindre Fez s’il n’y a aucun retard. Demain 20 mai, je ferai partir le colonel Gouraud avec 2000 hommes escortant un convoi de 1800 chameaux, conformément aux instructions reçues. »
R. DE BILLY
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI/ 1910-1912/ p326/ BNF
N° 326
M. DE BILLY, chargé d’affaires de la République française à Tanger, à M. CRUPPI, Ministre des Affaires étrangères.
Tanger, le 31 mai 1911.
Le Général Moinier m’envoie de Fez, le 25 Mai, la communication suivante :
« Ce matin, 25 mai, j’ai envoyé brigade Dalbiez au-devant du Colonel Gouraud qui doit arriver demain ou après demain avec dix-sept cents chameaux, un escadron, une batterie et trois bataillons. »
« Les nouvelles reçues dans la journée du Colonel Gouraud annoncent qu’il a eu deux rencontres, le 19 à Kénitra, avec les Beni Ahsen et les Zemmour ; le 22 à Mechra ben Derroa, avec les Zemmour, les Guerouane et une fraction Béni Ahsen : notre détachement a eu un complet succès et a poursuivi sa mission de ravitaillement. Nos pertes ont été de six tués ; celles de l’ennemi ont été considérables. »
R. DE BILLY.
Documents diplomatiques/ Affaires du Maroc VI/ 1910-1912 /p339/ BNF
1911
« En même temps (mai 1911), l'enseigne de vaisseau de Carsalade du Pont explore le Sebou. Il part le 18 mai avec un canot à vapeur, une barcasse à la remorque portant des vivres et du charbon. Malgré l'hostilité des indigènes, qui criblent de balles les embarcations»
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p373
« Voulant d’abord bien connaître la région j’ai pris une place dans une banque agricole. J’y faisais la jonction avec des fermes répandues en Chaouia lorsque je reçus une lettre d’un Capitaine du 1er Chasseur d’Afrique que j’avais connu à Setif. Maintenant chef de Service de renseignement à Méhédya il m’écrivait : « La plaine du Sebou est riche en terres fertiles. C’est une belle région dont l’occupation par nos troupes ne remonte qu’à quelque mois. Venez-y voir. »
‘Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD p11
« Un mois après mon installation (1911) Jilali (un Marocain franc et loyal il ne tarda pas à devenir mon homme de confiance) me dit : Les Saknia veulent te vendre un terrain. Les Saknia étaient une fraction de tribu dans la région de Kenitra, voisine de deux autres fractions, les Oulad Oujih et les Hadada. Le terrain d’une cinquantaine d’hectares qu’il me proposaient était sablonneux, sans valeur agricole, mais situé devant la Casbah de Kenitra, en bordure du fleuve ; il était intéressant car le bruit courait qu’il serait possible qu’on fit un jour un port à cet endroit »
Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD pp15-16
«En réalité ces douars qui possédaient des milliers d’hectares n’avaient jamais fait une délimitation entra eux »
«Etant Suisse, je n’étais pas appuyé par les l’autorité française ou plutôt je me trouvais en butte à son hostilité plus ou moins déclarée pour l’acquisition de terrains»
‘Souvenirs du vieux Maroc’ - Robert MUSSARD p17
« La kasbah de Kenitra : se composait d'un grand rectangle d'une centaine de mètres de côté, entourée de murailles crènelées ; des tours carrées se dressaient aux angles et au milieu de chaque face. La porte s'ouvrait sur la face ouest. A l’intérieur des murs, et contre ces derniers, étaient construites des Béniqas, pièces de dimensions divers qui devaient loger des troupes de passages, et celle casernées à la kasbah, Au milieu de la face Sud, s'élevait une petite mosquée surmontée d'un minaret.
(L’ordre de construire cette citadelle avait été donné par l’Emir des croyants, Abou Farés Abdelaziz en l’an 1313 (1895 J.C)»
Bulletin Economique et Social du Maroc n° 85 NESPOLA (H) 1960 p40-41
« On appelait cet endroit, EL KENITRA, ou plus exactement KENITRA, le petit pont d’un ouvrage d’art de faible porté, enjambant l’oued EL-FOUARAT qui vient mêler ses eaux à celle du SEBOU.
En hiver, ce ruisseau grossi par les eaux était infranchissable. Or à cet endroit, passait la piste maghzen de SALE à FES. Le caïd ALI er RIFFI y fit construire à la fin du XVII ème siècle, deux ponts : l’un enjambant le FOUARAT, l’autre jeté sur la merja que formait cet oued sur la rive gauche ; les deux constructions étaient reliées par une chaussée. Mais, en 1928, après le détournement de l’Oued FOUARAT, cet ouvrage devenu inutile fut démoli. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p14
« Pour mettre fin à cet climat d’insécurité, le Sultan MOULAY-HASSAN fit construire en 1892 une kasbah à 1 350 mètres à l’ouest du pont du FOUARAT. Elle fut terminée en 1895, c’est-à-dire un 1313 de l’Hégire, par son successeur le Sultan MOULAY ABD-EL-AZIZ. Cette kasbah, haute enceinte crénelée et bastionnée aux angles, était destinée à abriter les caravanes qui empruntaient la piste SALE-FES et à recevoir les troupes de passage.
Quelques soldats du Maghzen veillaient à la garde de l’édifice et à la sécurité des voyageurs. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p15
« Une base de débarquement pour le ravitaillement :
Le nom de Kasbah-Kenitra, à 37 kilomètres au nord de Salé, apparut alors (avril 1911) : base de l’intendance à 6 étapes de marche de Casablanca. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p21
« En même temps que le Lieutenant de Vaisseau se livrait à ces minutieuses observations, ses officiers, sous sa direction, terminaient leurs travaux d’hydrographie du fleuve et de l’embouchure : la barre de MEHDIA était franchissable 250 jours environ par an pour des bateaux calant 3 mètres à 3,60 mètres. Le fleuve pouvait être remonté par ces mêmes bateaux jusqu’à la kasbah de KENITRA. A cet endroit, le fleuve a une largeur de 250 mètres, des fonds de 6 mètres, deux rives accores, des berges élevées d’un mètre seulement au-dessus des hautes eaux et de vastes terrains de sable dénudé permettant une installation facile et rapide.. »
KENITRA (Ex Port-Lyautey) Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956 – Léon-Henri LAPLANCHE - 1986 – p28
« Outre les tribus Zemmour, retranchées sur leur territoire de la Mamora, on comptait deux collectivités terriennes, voisines l'une de l'autre; il s'agit de la communauté des Saknia, vivant de cultures et de pacage près du Fouarat et d'une fraction des Beni-hsen du voisinage, les Ouled Oujjih, installés près de la merja de Bi-Rami. Il fallait ajouter, la milice guerrière guich des Haddada, jouxtant le territoire des Oulad Oujjih, et installée sur la rive gauche de l'oued Sebou, depuis la kasbah de Kénitra jusqu'à celle de Mehdia. Juste en face des Haddada, sur la rive droite du fleuve se tenaient d'autres milices guichs, quelques îlots, de Khlot et de Tlig. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p16
« En 1911, l'insécurité régnait autour de la kasbah et de sa région à cause des attaques répétées des Zemmour contre les troupes et les civils. On retrouve les faits identiques rapportés dans des textes écrits par des militaires en campagne ou des civils qui furent témoins de ces attaques.
Le 19 avril 1911, le capitaine Petitjean, avait été tué en se portant au-devant des guerriers Zemmour, campés à deux kilomètres de la kasbah.
Le 20 décembre 1912, un convoi rejoignant la kasbah fut attaqué, à la tombée de la nuit; le sapeur Delmas qui le commandait fut tué. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p23-24
« Certains européens qui s’étaient installés à Casablanca avec l’espoir de fonder une exploitation agricole dans la Chaouia, à l’annonce, en 1911, que les terres du Gharb étaient aussi fertiles que celles de la Chaouia, que la pluviométrie y était plus importante, décidèrent de se déplacer jusqu’à Kasbah-Kénitra et s’y fixèrent. Ce fut le cas de Monsieur Guilloux et de Monsieur Mussard. »
Kenitra 1911-1922 Mémoire de D.E.A- Léon-Henri LAPLANCHE p32
1912
« Dans les premiers jours de février 1912, le Lieutenant de Vaisseau Lagorio remonta le Sebou el remarqua les avantages particuliers qu'offrait le fleuve à 17 km. de Mehdia, devant la Casbah de Kenitra. (Kenitra ou Knitra (petit pont) tire son nom d'un ponceau construit sur l'Oued Fouarat en amont de la Casbah. Ce ponceau devenu sans utilité après le détournement du lit du Fouarat, a été démoli en 1928)
Dans le compte rendu de cette mission dont les résultats devaient être considérables dans l’avenir, le Capitaine de Vaisseau de Marliave, Commandant la Division navale du Maroc, s’exprimait ainsi : «En amont, Kenitra attire l’attention : situé sur la route Salé- Fès, à proximité de la forêt de Maâmora, dont les bois de liège peuvent devenir de sérieux éléments d'exportation, ce point économise sur Mehedya au moins dix kilomètres de route et des plus mauvaises. II n'y a pas de ressac dans cette partie de l'estuaire. Le terrain entourant la boucle du Sebou est un véritable terre-plein destiné à recevoir des rails et des entrepôts. La profondeur est bonne le long de la berge rive droite du fleuve, à de rares exceptions près ; elle permettait l’accostage des navires soit on la rectifiant, soit on la garnissant d’appontement. Le rapport contenant cette relation est du 5 février 1912. On peut dire que ce jour-là le future Port Lyautey était conçu»
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p280
« Le13 août, le Commandant Caloni, assisté de Son adjoint le Capitaine, Braconnier, remonta à son tour le Sebou de Mehdia à Kenitra, en compagnie du Lieutenant de Vaisseau Lagorio. La conviction s'établit chez ces artisans de la première heure que Kenitra était le point du Sebou le plus avantageux pour servir de port de débarquement pour tout le matériel de chemin de fer et pour les approvisionnements destinés à Fès et à Meknes »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p281
« Ainsi se trouvaient reconnus et consacrés les avantages exceptionnels que Kenitra doit à sa situation géographique et topographique : point de passage obligé de toute route ou voie ferrée reliant Casablanca à Tanger, débouché naturel de la plaine du Gharb et des Béni Hsen, des régions de Fès et Meknès, et de la riche vallée agricole du Haut Sebou. »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE : Commandant R.COIDREAU Septembre 1938 p282
« En amont de Mehedya, écrit le commandant de Marliave, Kenitra attire l'attention; situé sur la route Salé-Fès, à proximité de la forêt de Maâmora dont les bois de liège peuvent devenir de sérieux éléments d'exportation, ce point économise sur Mehedya au moins 10 km. de route et des plus mauvaises. Il n'y a pas de ressac dans cette partie de l’estuaire. Le terrain entourant la boucle du Sebou est un véritable terre-plein destiné à recevoir des rails et des entrepôts. La profondeur est bonne le long de la berge droite du fleuve, à de rares exceptions près ; elle permettrait l'accostage de navires, soit en la rectifiant, soit en la garnissant d'appontements ».
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p374
« Le capitaine de vaisseau Simon, qui a succédé au commandant de Marliave, donne aussi toute son attention au développement de Kenitra.
En octobre 1912, il constate - ce qui est la marque indiscutable du succès au Maroc -, que la spéculation s'est abattue sur Kenitra »
REVUE DE GEOGRAPHIE MAROCAINE Déc 1932 Le Maroc maritime ROUCH.J p375
« Kénitra est située sur le Sebou à 17 kilomètres de son embouchure. Le Sebou est le seul fleuve navigable du Marco et il l’est sur un parcours d’environ 80 kilomètres. Sur la dernière partie de son cours, entre Kénitra et Mehedya où il se jette dans l’Atlantique, il coule en eau profonde, avec des fonds variant de 5 à 8 mètres, que des travaux d’aménagement pouvaient régulariser et stabiliser. Kénitra, bien abrité de la barre et des raz de marée, offrait donc, avec son avant-port de Mehedya, un accès maritime d’autant plus séduisant qu’il donnait un accès direct à la zone Nord du Maroc, Meknès, Fez, et de là, à la voie de la liaison ultérieure avec l’Algérie.
Ses avantages avaient déjà été reconnus avant l’établissement du Protectorat, puisque, lors de sa marche sur Fez, le général Moinier y avait établi une base maritime provisoire. »
pp : 184-185 « Paroles d’action 1900-1926 » : LYAUTEY-BNF
« Les uns débordent sur les autres. Or, il y a toute une zone dont le débouché naturel est Kénitra-Rabat. Tout mon effort consiste à vous réserver cette zone et à ne laisser personne vous y devancer. Vous m’avez compris, n’est-ce pas* ?
*Je sous-entendais Larache, port le plus voisin de la zone espagnole»
p189 « Paroles d’action 1900-1926 » : LYAUTEY-BNF